Pour de nombreux amateurs de Rhum, la simple évocation du nom "Demerara" suffit à enflammer l'imagination. Et pour cause ! Cette rivière du Guyana a accueillie sur ses berges des distilleries mythiques qui jouissent encore d'une réputation hors du commun, des décennies après leur fermeture. Port Mourant, Enmore, Versailles, Uitvlugt, Blairmont, La Bonne Intention... Autant de noms qui resteront à jamais inscrits au panthéon des légendes du Rhum !
Dès les débuts du XIXème siècle, la région de la Demerara alors sous influence britannique, voit fleurir une myriade de plantations de canne à sucre. On en dénombre alors plus de 300 ! Et leur production, le "Demerara sugar" acquiert très vite une réputation internationale. Tant et si bien qu'aujourd'hui encore, de nombreux pays producteurs de sucre utilisent ce terme comme gage de la qualité de leur sucre.
Et à cette époque, qui dit sucre dit Rhum. Chaque usine sucrière dispose d'une distillerie attenante et ces Rhums, eux aussi, vont très vite acquérir une aura exceptionnelle d'envergure mondiale. Ils raflent quantité de médailles dans les expositions universelles et les concours. Un style à part et clairement identifiable nait : les Rhums de la Demerara. Un style qui parvient avec beaucoup de naturel à marier caractère et rondeur. Un des éléments clefs de cette identité réside dans l'emploi d'alambics non pas en cuivre mais en bois ! Une particularité unique au monde, fondamentale dans la construction de l'identité aromatique des Rhums de la Demerara.
Mais les crises sucrières qui parsèment les XIXème et XXème siècle mettent un terme à cette épopée industrielle. En 1966, lorsque le Guyana devient indépendant les productions de sucre et de Rhum sont nationalisées et sur les 300 distilleries originelles n'en subsistent qu'une poignée. Nichée sur les bords du fleuve Demerara, la distillerie d'état Demerara Distillers Limited se retrouve seule et unique survivante au tournant des années 2000. Mais le gouvernement guyanais, conscient de l'héritage unique dont il est le dépositaire, a conservé pas moins de 14 alambics dont trois en bois : le double pot-still Port Mourant, la colonne Enmore et le pot-still simple Versailles.
Ces exemplaires, derniers survivants de leur genre dans le monde, précieux vestiges d'une époque révolue, sont entretenus avec révérence et servent à composer l'ossature des assemblages qui constituent la gamme El Dorado.
Déguster un Rhum El Dorado, c'est s'offrir un morceau d'Histoire à nul autre pareil !